1995-1997
Galerie Mabel Semmier
Décembre 1997


des trois couleurs primaires 92 x 73 cm
Pour M. et G. D.-H. 130x130 cm
de Bombay 61 x 100 cm
Portrait 130 x 195
Diptyque 92 x 146 cm
des trois couleurs primaires 97 x 130 cm
Autoportrait 200 x 200 cm
Diptyique F.K. 195 x 165 cm
De la la série des 6 violoncellistes, 130 x 195 cm
Diptyque 92 x 146 cm
De la série des six violoncellistes 130 x 130 cm
De Bombay 2.-G 130 x 97 cm
de Bombay 3 - 195 x 200 cm

Cela fait bientôt dix ans que la complicité sur le plan artistique avec Jessica Vaturi est née et je n’ai jamais ressenti la moindre sensation de redite ou de discordance, car tout dans sa peinture est un enjeu vital.

À la fin des années 80, la précocité et la maturité de ses propositions plastiques étaient déjà une question d’éthique, de vie, qui toujours a donné à sa peinture une certaine gravité. L’orientation de la pensée créatrice chez Jessica Vaturi est chargée d’affects. Elle procède d’une interrogation spirituelle sur l’être saisi dans son flux vécu.
Ses figures peintes dans une matière dense et contrastée, apparaissent légèrement en retrait sur le tableau, comme un retour, un repli sur la mémoire. La partie abstraite joue avec des jeux d’ombres, de lumières et de signes. Des spirales obscures, retenues et récurrentes dessinent et mettent en perspective les différentes métamorphoses de l’Être. Fragments de collages et superpositions voilent cette charge avec pudeur.

Jessica Vaturi nous met en évidence sa façon de « confronter tout ce qui existe à ce qui pourrait exister », pour reprendre les mots de Picasso.

— Mabel Semmier, 1995



Le geste est le regard


Toute peinture est faite ainsi, le geste et le regard du peintre. Le geste premier qui sort le monde hors de soi. Geste qui devient acte en jetant le moi hors du monde, traces sur la toile, pour que le monde se recentre, se ressente dans l’instant de cette confrontation. 

C’est en cela que la peinture de Jessica Vaturi s’impose, entière et exigeante. 

Son geste est fort, décidé, tendu dans une expression dense et concentrée, comme celui du calligraphe. Mais les colles et les gessos n’ont ni la fluidité de l’encre, ni la souplesse des pigments liés; ils sont pesants, inertes. Et il faut toute la force de la décision de l’artiste pour qu’ils s’animent d’émotions. Là, sans doute, est le plaisir de peindre.
Le regard qui apparaît, au premier semblant, n'est pas celui du peintre mais celui des œuvres. Il nous transperce d'abord puis nous interroge calmement sur le sens même de notre regard. Que vois-tu du travail accompli ? Le miroir de tes émotions ou le geste du peintre ? La peinture dans son silence ou le roman qui te vient au cœur dans ce face-à-face ? Ce questionnement est au centre de la création contemporaine comme il est au cœur du travail de Jessica Vaturi.

Par les moyens qu'elle s'est choisie et la puissance de leur mise en œuvre, cette peinture s'inscrit d'emblée dans la recherche la plus originale, la plus risquée. La seule qui vaille la peine de l'effort solitaire et quotidien.

— Richard Dembo, le 24 novembre 1997
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